Extrait de traduction
Poésie
Anthologie personnelle (Antología personal)
María Aveiga del Pino
Traduit de l’espagnol (Équateur) par Benjamin Aguilar Laguierce
Itzamá
Le temps ruisselle. Le sang pénètre lentement l’encoche d’une pierre. Chaque souvenir arraché à la nuit m’offre son visage. Puis s’éloigne. Je veux la mer, l’odeur de femme en robe légère. Midi viendra, aveuglé de jungle et d’étouffement. Il viendra dans un murmure sur la place où l’on boit de l’eau putride et où les mères sur les chemins versent la saumure de leurs seins et les hommes lèchent les corps tranchés par la guerre.
Pendant ma prière dans le vide.
Manakara
Sa chair usée s’imprime de Nautilus et d’algues rouges. Mon ombre y est plus sage. Manakara. Bonjour, madame. C’est le même quai flanqué de maisons, d’animaux hibernant dans une obscure éternité. Une adolescente répète la mort de quelqu’un. Une autre, mutilée par l’absence, compose croassements, histoires et lettres. Bonjour, madame. Elle insiste. Elle ne me reconnaît pas. Elle n’a pas laissé son visage vieillir.
Manakara court sans mesure derrière la sirène d’un bateau abîmé dans mon ombre.